L’allaitement après une chirurgie mammaire n’est pas systématiquement compromis. Tout dépend du sein concerné, du type de chirurgie effectuée et des structures mammaires préservées. L’allaitement est-il possible après une augmentation mammaire ? Et qu’en est-il après une reconstruction post-mastectomie ? Voici ce qu’il faut savoir sur la compatibilité entre prothèses mammaires et lactation en cas de chirurgie mammaire à visée esthétique ou reconstructrice.
Allaitement et implants mammaires : est-ce compatible ?
Selon le type de chirurgie mammaire, les capacités d’allaitement peuvent être totalement préservées ou définitivement altérées. Voici les principales situations à connaître pour mieux anticiper la lactation après une intervention mammaire.
Chirurgie esthétique : allaiter avec des prothèses est souvent possible
Lorsque les implants mammaires sont posés à des fins esthétiques, comme lors d’une augmentation mammaire par prothèse, la capacité d’allaiter est généralement conservée. Que l’implant soit positionné en rétromusculaire ou en rétroglandulaire, le geste chirurgical respecte la glande mammaire et les canaux galactophores dans la majorité des cas. L’incision sous-mammaire est privilégiée pour préserver l’innervation de la plaque aréolo-mamelonnaire. L’allaitement avec des prothèses posées à visée esthétique est donc compatible, notamment si l’intervention a été réalisée sans section des canaux lactifères.
Reconstruction mammaire après cancer : allaitement impossible du côté opéré
Après mastectomie pour cancer du sein, le tissu glandulaire est retiré. La reconstruction avec prothèse ou lambeau DIEP ne permet pas d’allaiter avec le sein reconstruit, car les structures nécessaires à la lactation (glande, canaux, nerfs) ont été retirées. En revanche, si le second sein n’a pas été opéré, l’allaitement controlatéral reste possible. Il n’est pas rare que des femmes n’allaitent qu’avec un seul sein fonctionnel après un cancer du sein.
Mastectomie bilatérale prophylactique : pas de possibilité d’allaiter
Chez les patientes porteuses d’une mutation BRCA ou à haut risque de cancer du sein, la mastectomie bilatérale prophylactique est parfois réalisée de manière préventive. Dans ce cas, la glande mammaire est retirée des deux côtés, ce qui rend l’allaitement impossible, même en présence d’une reconstruction avec implants.
Chirurgie reconstructrice hors cancer : évaluation au cas par cas
En dehors du cancer, certaines femmes bénéficient d’une chirurgie reconstructrice comme une correction des seins tubéreux, des mamelons ombiliqués ou des asymétries importantes. Ces interventions peuvent impliquer une modification de la glande ou une réorientation de l’aréole.
Dans ces situations, il est difficile de prédire la capacité d’allaitement. L’allaitement après chirurgie mammaire reconstructrice hors cancer doit faire l’objet d’une évaluation personnalisée, selon la technique utilisée et les structures préservées.
Prothèses mammaires et lactation : quels sont les risques ?
En chirurgie esthétique, les risques de lésion des canaux galactophores sont faibles, sauf en cas d’incision périaréolaire. Ce type d’incision peut sectionner des canaux lactifères et diminuer la production de lait. Lors d’une reconstruction post-mastectomie, les canaux sont en général absents, car retirés avec la glande mammaire.
La radiothérapie ou la chimiothérapie altèrent durablement les tissus glandulaires. Même si le sein est conservé après une tumorectomie, ces traitements peuvent réduire la capacité à produire du lait. C’est un point important à discuter avec l’équipe médicale en cas de projet de grossesse post-cancer. La glande mammaire peut par ailleurs être modifiée dans sa structure, sa vascularisation et sa sensibilité, ce qui impacte la montée de lait et la qualité de la lactation.
L’atteinte des nerfs responsables de la sensibilité aréolaire est fréquente après une mastectomie totale. La perte de sensibilité compromet le réflexe d’éjection du lait, qui dépend en partie de la stimulation mécanique du mamelon. En reconstruction mammaire, la restauration complète de cette sensibilité est rare. Cela limite le bon déclenchement des hormones nécessaires à l’allaitement (prolactine et ocytocine).
Peut-on allaiter avec des prothèses mammaires sans danger pour le bébé ?
Aucune étude à ce jour n’a mis en évidence de risque pour le nourrisson allaité par une mère ayant des implants. Les prothèses modernes ont une membrane étanche qui ne laisse pas passer de substances toxiques dans le lait. Allaiter avec des prothèses est donc considéré comme sans danger dès lors que les conditions anatomiques le permettent.
Une rupture de prothèse mammaire est rare, surtout avec les implants en gel cohésif. Lorsqu’elle survient, le gel reste contenu dans la capsule fibreuse. Il n’existe pas de preuve que cette situation présente un danger pour l’enfant allaité. Toutefois, une rupture nécessite souvent une réintervention, ce qui peut interrompre temporairement l’allaitement.
Comment optimiser ses chances d’allaiter après une augmentation ou reconstruction mammaire ?
Avant l’intervention, certaines décisions peuvent influencer la future capacité d’allaiter. En esthétique, privilégier une voie sous-mammaire, éviter l’incision périaréolaire, et opter pour un positionnement rétromusculaire permettent généralement de préserver la lactation.
Mais en cas de reconstruction, ces choix sont plus restreints. Lorsqu’une reconstruction après mastectomie est planifiée, les structures nécessaires à l’allaitement seront rarement conservées. La lactation post-mastectomie est habituellement impossible.
Le recours à un suivi spécialisé (consultante en lactation, sage-femme) est recommandé dès la naissance. En cas de montée de lait insuffisante, l’utilisation précoce d’un tire-lait peut stimuler la production. Certaines femmes peuvent aussi allaiter partiellement ou sur un seul sein.
Lorsque l’allaitement après une reconstruction mammaire pour cancer n’est pas envisageable, plusieurs solutions existent : don de lait, biberon ou alimentation mixte. Le choix doit se faire en fonction des souhaits maternels, sans pression, et avec un accompagnement adapté, notamment pour les femmes touchées par une tumeur cancéreuse et ayant subi un parcours de soins oncologique.